Sri Aurobindo & La Mère
Un livre clé pour comprendre les écrits de Sri Aurobindo est: Sri Aurobindo ou l'aventure de la conscience, de Satprem
ISBN-10: 2283019729ISBN-13: 978-2283019726 Une version est disponible sur le web: ICI
Après des études en Angleterre (1879-1893) à Cambridge, Sri Aurobindo retourne en Inde et commence à étudier les grandes traditions de son pays avant de militer pour l'indépendance.
En 1907, il fait la rencontre du yogi Vishnu Bhâskar Lélé, venu de Gwalior pour examiner avec lui son intention de yoga activiste. Il organisera avec lui des rencontres spirituelles dans l’Inde occidentale.
En 1909, il sort de la prison où il a passé un an pour ses activités indépendantistes. Il était soupçonné d'avoir participé de près ou de loin à des attentats : il reconnaîtra d'ailleurs ultérieurement que sa philosophie spirituelle ne conduit pas à militer pour la non-violence comme celle de Gandhi. Pendant cette année de prison, il dit avoir vécu une série d'expériences spirituelles qui l'auraient conduit à expérimenter des états de conscience au-delà du Nirvana.
Pour échapper aux Anglais, le 4 avril 1910, il finit par s'établir à Pondichéry, ville sous autorité française. Affirmant alors qu'il y a une lutte pour l'avenir de l'humanité au-delà de la lutte légitime pour l'indépendance de l'Inde, il se consacre à ses recherches spirituelles et à la composition de ses œuvres. De plus en plus de disciples commencent à venir pour vivre auprès de lui et de sa collaboratrice française, Mirra Alfassa, que lui et ses disciples nomment « Mère ». Cette dernière prendra la direction matérielle de l'ashram fondé officiellement dans les années 1920.
Il considère que le sens de son ashram est d'être un « laboratoire évolutif ». Jusqu'en 1926, il développe sa doctrine : selon lui, l'homme n'est aujourd'hui qu'à un niveau imparfait de son évolution; il faut pour lui reconnaître que « l'homme est un être de transition ». Quand Charles Darwin avoue « comme confesser un meurtre » avant sa publication de « L'Origine des espèces », cela concerne le fait de reconnaître que l'humanité appartient à la même famille que les singes. Pour Sri Aurobindo, admettre l'évolution des espèces va plus loin encore. L'admettre revient à nous faire considérer la possibilité que l'être humain soit un chaînon vers une nouvelle espèce. Cette nouvelle espèce dont l'homme serait une transition ne serait pas forcément dotée d'une conscience compréhensible pour la conscience mentale humaine. Cette conscience nouvelle dont serait dotée cette nouvelle espèce pourrait être incompréhensible pour l'homme comme la conscience humaine mentale l'est pour les autres animaux. Cependant, Sri Aurobindo envisage une différence évolutive importante avec les évolutions d'espèces précédentes : nous pouvons a priori la concevoir et surtout nous pourrions peut-être y collaborer consciemment.
Le chemin conscient de notre évolution est d'après lui à chercher dans le développement de nos capacités spirituelles. Un développement plus radical des capacités spirituelles déjà explorées par l'humanité aboutirait selon lui un jour à l'éveil d'une dimension encore tout à fait inconsciente. La manifestation d'une telle dimension de conscience marquerait le saut évolutif propre à la manifestation d'une nouvelle espèce.
En 1926, Sri Aurobindo entre dans une retraite pour se consacrer exclusivement à la manifestation terrestre du supra mental. Il ne sort de sa retraite que rarement : soit pour retrouver des fidèles réunis, soit pour intervenir dans la vie politique indienne. Le reste du temps, il communique par écrit avec ses disciples.
Il a écrit beaucoup de livres sur les écritures sacrées indiennes qui seront pour beaucoup d'Occidentaux à la suite de ceux de Vivekananda une véritable porte d'entrée vers l'hindouisme et sa philosophie. Il meurt dans son ashram en 1950. Sri Aurobindo et Mirra Alfassa (« Mère ») sont les inspirateurs de la communauté internationale d'Auroville près de Pondichéry (sud de l'inde). Auroville cherche à devenir la cité idéale, où les résidents se préparent à l'émergence de l'homme nouveau, à la manifestation de la conscience supra mentale.
Dans la pensée de Mère, Auroville offre une niche écologique humaine favorable à la démultiplication des êtres sur mentaux et supra mentaux.
Sa mère, Mathilde Ismalun, née à Alexandrie en Égypte, et son père, Moïse Maurice Alfassa, banquier, né à Adrianople, en Turquie, tous deux de confession juive, s'installent en France en 1877. Son frère aîné, Matteo (Mathieu) Maurice, né à Alexandrie, devient gouverneur des colonies. Elle étudie la peinture et se marie le 13 octobre 1897 à l'âge de 19 ans avec le peintre Henri Morisset, disciple de Gustave Moreau, dont l'atelier était au 15, rue Lemercier à Paris. Son fils André naît le
23 août 1898. En 1904, elle rencontre pour la première fois Louis Bimstein4, dit Max Théon. Elle effectue un séjour à Tlemcen de 1905 à 1906, puis en 1974. Elle fonde ensuite sa première association : Idea. Elle divorce en 1908 et se remarie avec Paul Antoine Richard (17 juin 1874 – juin 1967) en avril 1911. Elle se rend en Inde avec son mari en 1914 à Pondichéry (Puducherry) et rencontre Sri Aurobindo. Elle passe une première année à Pondichéry, revient en France en novembre 1915 puis part quatre ans au Japon à partir du 18 mai 1916 avec Paul Richard et revient définitivement à Pondichéry auprès de Sri Aurobindo en avril 1920. Son mari Paul Richard la quittera en novembre 1920.
Lorsque Sri Aurobindo se retire en 1926, il laisse à Mirra Alfassa – qu'il a commencé à appeler « Mère » – la direction de l'ashram qu'elle organise et développe. Elle assiste aux derniers moments de Sri Aurobindo lors de son décès en 1950.
Elle fonde le 28 février 1968, en présence du président de l'Inde, Auroville au nord de Pondichéry dans le sud du Tamil Nadu, une communauté internationale soutenue par l'UNESCO, dont la vocation est de réaliser l'unité humaine.
Elle meurt le 17 novembre 1973 à Pondichéry. Elle laisse derrière elle une œuvre écrite importante, notamment son journal Prières et méditations, les Entretiens – causeries aux membres de l'Ashram – et les treize tomes de L'Agenda de Mère recueillis par un de ses disciples, le Français Satprem (Bernard Enginger), qui raconte ce qu'elle nomme « sa percée au cœur de la matière », pour donner naissance à ce qu'elle nomme « l'espèce nouvelle » ou « la vie sans mort ». Sri Aurobindo écrit dans The Mother : « Elle travaille ici, dans le corps, pour faire descendre quelque chose qui ne s'est pas encore exprimé en ce monde matériel et qui transformera la vie ici-bas ».